Prodigieux ! Voici le territoire des Amish en Pennsylvanie.
Chaque semaine dans Cosmorama, une carte, une image, une découverte pour penser le monde autrement et en prendre soin. Aujourd'hui, parlons des Amish, cette communauté religieuse d'agriculteurs dont la majeure partie vit aux Etats Unis.
🧑🌾 Voici le comté des Amish en Pennsylvanie, un modèle d’avenir?
Ce petit territoire de 37 000 habitants génère à lui seul un 5ème de la production agricole de l'Etat de Pennsylvanie, grâce aux produits laitiers, la volaille et l'œuf. Il compte parmi les surfaces non irriguées les plus fertiles des États-Unis.
Est ce un modèle d’avenir?
La première règle des Amish est : « Tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure ».
Cette phrase ne pourrait pas être plus en contradiction avec mon message et ma conviction.
Issue d'anabaptistes installés en Alsace, cette communauté religieuse a été expulsée de France par Louis XIV au 18ème siècle, et la majorité a fui vers l'Amérique du Nord. Ils étaient 5000 au début du 20ème siècle.
Aujourd'hui leur population est estimée à 350 000 membres, surtout en Pennsylvanie, dans l'Ohio et l'Indiana. Leur population double tous les 10 ans.
En 2023, 12 000 des 40 000 fermes laitières des Etats Unis appartenaient à cette communauté, qui s'est fait une spécialité de cette production et qui consacre presque toute leur existence à la terre.
Je ne creuserai pas les polémiques politiques et juridiques qui ont surgi depuis le film Witness en 1985, avec Harrison Ford. Mais je voudrais parler de son trait culturel le plus connu, qui est le rejet social de la modernité technique.
En Pennsylvanie, voir passer des Amish en charette équivaut à prendre une gondole à Venise.
Le mode de vie Amish est devenu l'argument d'un important flux touristique. Mais derrière ces clichés, on passe parfois trop vite sur le fondamentalisme religieux et les violences qui accompagnent ce culte de la tradition.
En France, au moment du moratoire contre la 5G, le Président Emmanuel Macron avait balayé les contestations avec une précision balistique :
« Je ne crois pas que le modèle Amish permette de régler les défis de l'écologie contemporaine ».
Depuis, beaucoup de collectif écolo s'identifient avec plus ou moins d'autodérision à cette communauté religieuse. Ca m’hérisse le poil, parce que le modèle social Amish ne devrait surtout pas être l’étalon.
Leur rejet de la modernité technique est à la fois trop linéaire, trop violent et incohérent. Les Amish compartimentent le monde entre un intérieur et un extérieur. Comme si lever des barrières pouvaient résoudre les problèmes globaux. Comme si rejeter l’humanité toute entière, ce n’était pas se haïr soi-même.
Et puis, c’est incohérent. Certains éleveurs et agriculteurs sont plus que jamais au néolithique, dans un mélange de libéralisme à l’américaine et un extrême fondamentalisme religieux.
Je ne parlerai pas des archaïsmes sexistes, obscurantistes et sectaires.
A l’esprit de repli, je préfèrerai toujours la curiosité et l'ouverture d'esprit.
Reste que n’en déplaise à Emmanuel Macron, la précaution technologique n’est pas la promotion du modèle social Amish, c’est un questionnement sur le modèle agricole.
Regardez la qualité extraordinaire des sols dans le comté de Lancaster en Pennsylvanie.
Est ce un hasard? Non bien sûr.
Car en dépit de ses intolérables défauts, le modèle Amish nous rappelle que la clé de l'avenir,
c'est l’attention que l’on porte à la terre.
Prenez soin de vous et du monde,
Maxime
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