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Chaque semaine dans Cosmorama, Maxime Blondeau vous présente une carte, une image, une découverte pour penser le monde autrement et en prendre soin.

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Par Maxime Blondeau
25 mars · 1 mn à lire
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🇱🇧🗿 Les mystérieux Phéniciens, entre l'orient et l'occident.

Chaque semaine dans Cosmorama, une carte, une image, une découverte pour penser le monde autrement et en prendre soin. En Europe et en Afrique, les phéniciens ont laissé un héritage immense et oublié.

Source : World Historic EncyclopediaSource : World Historic Encyclopedia

L'héritage phénicien a été complètement minimisé en Europe.

Longtemps avant la Grèce des philosophes, il y a 4000 ans, le bassin méditerranéen était déjà un carrefour de civilisations, au centre de laquelle se trouvaient une civilisation millénaire, les phéniciens.

Les Phéniciens c‘est vrai, on les retrouve dans Astérix. Mais on en parle surtout au Liban, dans la Bible et dans les vieux traités de langue grecque. Les Grecs ont fait oublier les Troyens, les Juifs ont fait oublier les Tyriens, les Romains ont fait oublier les Carthaginois.


Mais avant l’âge classique, ses grands ports méditerranéens ont rythmé le commerce pendant des millénaires. Les Cités de Byblos, Tyr et Sidon, sur le territoire que les Athéniens ont baptisé Phénicie, ont été de véritables traits d'union entre l'Orient et l'Occident.

Et là, entre les turquoises du Sinaï et les cèdres de l’Anti Liban, syncrétisant les idées, une invention étonnante s’est produite vers -1200 : l’alphabet phénicien.

Au siècle de Moïse et de la Guerre de Troie, les lettres phéniciennes provoquèrent un choc de simplification.

L'alphabétisation des peuples alentours fit son chemin : caractères hébreux, grecs, étrusques, latins, indiens, arabes… Aujourd’hui, presque tous les alphabets dérivent de ce premier code qui, en 22 caractères, permet de décrire l’univers.

Le nom "Byblos" dérive du mot grec pour "Papyrus".
Il a donné le mot "bible" et "bibliothèque".

Profitant des réseaux commerciaux des tyriens et des sidoniens, l’alphabet phénicien s'est diffusé sur tout le pourtour méditerranéen, de Syrie jusqu’en Baléares, des Indes jusqu’à l’Atlantique. Mais le sens de ses caractères s'est perdu. Cette écriture est restée indéchiffrable pendant 2000 ans...

Jusqu’en 1758. Quand deux chandeliers blancs ont été mis au jour à Malte.

Cippe de Melqart, qu'on peut retrouver au Musée du Louvre.Cippe de Melqart, qu'on peut retrouver au Musée du Louvre.

L’abbé Barthélemy trouva une inscription bilingue en phénicien et en grec. Cette pierre de rosette permit d'identifier 18 des 22 lettres phéniciennes « alef, beth, gimel… ».
C'était le tout premier abjad (alphabet consonantique).

Ce code n'est certes pas la plus ancienne forme d'alphabet - on parle d'un alphabet antérieur dit proto-sinaïtique, mais les alphabets ultérieurs héritent presque toujours de celui-ci.

On retrouve d'ailleurs cet héritage dans les mythes. Les princes phéniciens y sont souvent fondateurs ou héros, fils d’Agénor, d’Ophir ou de Poséidon.

  • Comme Cadmos, le père de l'écriture en Grèce.

  • Hiram de Tyr qui bâtit le Temple de Salomon.

  • Europe, la princesse phénicienne qui donna son nom à notre continent.

Inscription retrouvée près d'Alanya en Turquie, fin du 7e siècle av. J.-C. Musée archéologique d'Alanya.Inscription retrouvée près d'Alanya en Turquie, fin du 7e siècle av. J.-C. Musée archéologique d'Alanya.

L'alphabet phénicien prend racine dans la légende, là où plus rien n'est sûr.
N'en déplaise à Ernest Renan, les peuples du Levant ont autant engendré l'Occident que les Celtes et les Germains du nord.

Le reconnaître pourrait, je crois, contribuer à réconcilier l'Orient et l'Occident.
Car nous partageons les mêmes ancêtres.


A l’aube des siècles.
Au matin du monde.

Prenez soin de vous,
Maxime


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